17 de agosto de 2011

Sur les Traces de García Lorca

(Grenade) «Lorca eran todos.» Ils étaient tous Lorca. La phrase est gravée sur une stèle de granite installée sous les pins, dans un parc de Víznar, au nord de Grenade. Des fleurs au sol forment une croix. Des visiteurs ont brûlé des bougies.

Éric Clément, La Presse. Publié le 16 août 2011 à 07h30/Mis à jour le 16 août 2011 à 07h30

Federico García Lorca, auteur de La maison de Bernarda Alba, a quitté ce monde dans cette pinède, au matin du 18 août 1936.


L'idée de visiter les lieux de vie et de mort du poète tombe bien en cette année où l'on fête le 75e anniversaire de sa mort. On peut visiter sa maison natale, à Fuente Vaqueros, une petite ville près de Grenade, à plus de 400 km au sud de Madrid. Une maison simple. On visite sa chambre, le salon avec son piano et des tableaux qu'il a peints.

Il y a une exposition sur sa vie et son oeuvre. Une photo de Leonard Cohen qui se penche sur son lit. Admirateur du poète, Cohen a appelé sa fille Lorca.

Il y a aussi des photos de la tournée de sa troupe de théâtre La Barraca qui diffusait l'art dans les campagnes, élan brisé par la guerre. On peut voir les seules images animées qu'on a de lui, notamment lorsqu'il joue dans l'une de ses propres pièces de théâtre.

Dans le village voisin de Valderrubio, où il a passé les étés de son adolescence, la blanche hacienda de ses parents est belle et spacieuse. On découvre son bureau et les traditions de l'époque, comme l'habitude de suspendre les fruits au plafond du grenier.

Visite guidée

De retour à Grenade où sa famille avait déménagé pour ses études, María Angustias Valdecasas, guide spécialiste de Lorca, vous mènera sur les traces du poète.

Sur l'emplacement de l'Alhambra, place de los Algibes, Lorca et son ami musicien Manuel de Falla ont organisé en 1922 le premier concours de cante jondo, le chant flamenco. Le flamenco des gitans andalous fascinait Lorca. Les gitans font partie intégrante de son oeuvre. Il les rencontrait dans les grottes où ils vivaient et vivent encore, dans la colline au-dessus du quartier de Sacromonte.

La guide peut même vous conduire dans une de ces grottes où les amateurs viennent entendre du cante jondo. On peut y rencontrer Curro Albaicín, un grand interprète des poèmes de Lorca.

Puis, c'est la visite de la faculté de droit où il a étudié, sans grand succès. Il ne se voyait pas avocat. Près de là, un chantier fourmille d'activité: le musée Federico García Lorca ouvrira bientôt.

«Il jouait très bien du piano et son professeur avait recommandé à son père que Federico monte à Paris pour parfaire son apprentissage, mais son père a refusé, explique María. Il s'est alors destiné à la littérature.»

María montre la maison de ses amis Rosales (angle Angulo et Tablas) où il a été arrêté en juillet 1936 et la bâtisse du gouvernement civil où il a été détenu avant d'être envoyé à Víznar.

On peut aussi manger au restaurant Chikito, plaza del Campillo, lieu fétiche de Lorca. C'est là qu'il se réunissait avec ses amis intellectuels.

Pendant le repas, María m'a parlé des amours difficiles de Lorca avec Dalí, puis avec le sculpteur Emilio Aladrén et enfin avec Rafael Rodriguez Rapun, qui, ravagé par la mort de Lorca, s'est jeté corps et âme dans la guerre civile. Il a été tué un an jour pour jour après l'exécution de Lorca.

Puis, il faut visiter le verger de San Vicente dans l'actuel parc Federico García Lorca, le plus grand espace vert de Grenade, où se trouve la résidence des Lorca de 1926 à 1936 au coeur d'une immense terre.

«Il y a tant de jasmins dans le jardin et tant de chèvrefeuilles
Que, tôt le matin, ça nous donne à tous un mal de tête lyrique
Aussi merveilleux que celui dont souffre l'eau rémanente...»

(Lettre à Jorge Guillén, 2 septembre 1926)

Les autorités franquistes ont désintégré la propriété en y faisant passer une autoroute. Mais un parc à la mémoire du poète a été créé, la démocratie revenue. Il y a une roseraie, des espaces d'eau, des allées pour les coureurs, beaucoup d'arbres et de bancs pour se reposer à l'ombre et découvrir les vers de Lorca.

Aujourd'hui, l'Espagne fait luire au grand jour l'oeuvre du poète qui, après sa mort, a été longtemps occultée. Pour Lorca, c'est le temps du souvenir et de la renaissance.

Les frais de transport et de séjour ont été payés par Air Transat et le Bureau touristique de l'Espagne.

Une fin tragique

Plus grand écrivain espagnol depuis Cervantès, Federico García Lorca est né le 5 juin 1898 à Fuente Vaqueros, à quelques kilomètres de Grenade. Il est mort le 18 août 1936 à Víznar, fusillé par des gardes franquistes. Il était poète, dramaturge, peintre, pianiste et compositeur. Ses oeuvres majeures sont en poésie, Romancero gitano (1928), Poème du cante jondo (1921) et Poète à New York (posthume, 1940). Ses oeuvres de théâtre les plus connues sont La maison de Bernarda Alba (1936) et Noces de sang (1932). Le régime franquiste a interdit ses oeuvres jusqu'en 1953 http ://fr.wikipedia.org/wiki/1953. Ce n'est qu'après la mort de Franco que l'art et la mémoire de García Lorca ont été célébrés au grand jour. Le film sur sa vie du cinéaste britannique Paul Morrison, Little Ashes, avec les acteurs Robert Pattinson et Javier Beltrán, existe en DVD.

Quelques repères

Maison natale de García Lorca: http://www.patronatogarcialorca.org/
Maison de San Vicente: http://www.huertadesanvicente.com/
Tour guidé lorquien de María Angustias Valdecasas : http://www.ciceronegranada.com/

http://www.cyberpresse.ca/voyage/destinations/europe/espagne/201108/16/01-4426272-sur-les-traces-de-garcia-lorca.php

 merci beaucoup, eric

1 comentario:

Robpom dijo...

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